<<Retour en 2015<<Formé de Philipp Dausch et du chanteur Clemens Rehbein, le duo Milky Chance a emporté le monde dans sa folk mélancolique et sa Stolen Dance. Entretien exclusif avant son retour au Transbo.
Clemens et toi, vous avez tous les deux joué dans une formation jazz avant de créer Milky Chance. Comment — et pourquoi — avez-vous « glissé » vers le folk ? Pour des raisons de modernité, pour expérimenter une nouvelle forme de liberté ?
Philipp Dausch : Je crois que c’était peut-être inconsciemment pour des raisons de modernité — parce que nous ne vivons pas hors de toute influence de notre temps et de notre génération. Cela dit, nous ne venons pas réellement du jazz, même si nous l’avons longtemps et intensivement étudié — avec passion, même. Mais il est certain que tout ce temps que nous avons passé dans cette formation avant Milky Chance — où nous avons donc joué beaucoup de jazz — a été très influent et précieux non seulement pour notre développement musical, mais également pour apprendre à communiquer avec d’autres musiciens et avec le public.
Votre premier tube en France, et sans doute mondial, se nomme Stolen Dance, c’est-à-dire « Danse volée ». Justement, qu’avez-vous « volé » aux autres — c’est-à-dire, quelles sont vos sources d’inspiration principales ? À l’heure d’Internet, pensez-vous avoir déjà de l’influence sur d’autres musiciens ?
Eh bien, la plus grande source d’inspiration, c’est notre environnement : amis, famille, copine, et tous ceux qui enrichissent notre quotidien. Mais aussi, bien évidemment, la musique que nous écoutons, venant d’un peu partout dans le monde. Quant à savoir si nous avons déjà influencé toute une scène… Ça serait trop tôt, je crois, pour pouvoir le dire et aussi très présomptueux, car la sensation de succès distord le jugement.
En titrant votre album Sadnecessary, mot-valise combinant tristesse et nécessité, vous vous inscrivez dans la tradition du Romantisme et de la Mélancolie inventées par des écrivains allemands. Alors, pourquoi chanter en anglais ?
Clemens a toujours écrit ses chansons en anglais. C’est certainement lié au fait qu’il écoute la plupart du temps de la musique chantée en langue anglaise… ce qui nous ramène à la question de la modernité de tout à l’heure, si tu veux… (sourire)
L’année dernière, Milky Chance a été crédité sur le projet Band Aid 30 Deutschland (l’équivalent de nos Enfoirés pour les Restos du cœur). Ces chansons caritatives sont souvent critiquées, mais sinon qu’est-ce que cela fait d’être associé aux stars de la scène allemande ?
Malheureusement, je ne peux pas en dire grand chose, car je n’en faisais pas partie [c’était Clemens seul, NDLR]. Je crois savoir cependant que c’était une expérience tout à fait excitante et amusante !
En mars prochain, deux semaines après votre concert au Transbordeur, vous jouerez au SXSW d’Austin — un rendez-vous d’importance pour le public et les professionnels. Le redoutez-vous particulièrement ?
Pour être honnête, nous n’y pensons pas trop, et nous laissons tranquillement les choses venir comme elles doivent venir…
Former un groupe à deux uniquement, est-ce que ce n’est pas la meilleure manière d’éviter les conflits et de le faire durer ? Vous imaginez-vous dans cinquante ans toujours aussi proches — comme Mick Jagger et Keith Richards ?
C’est certainement « plus facile », dans le sens où le groupe n’est formé que deux personnes qui communiquent musicalement. C’est comme pour une conversation : plus il y a de gens qui y prennent part, plus il est compliqué d’arriver à un résultat « globalement satisfaisant ». Maintenant, cinquante ans, c’est une longue durée, et il serait dangereux de commencer à s’imaginer des choses. Mais on peut dire que, musicalement, nous nous sentons très étroitement liés !
Milky Chance, le 20 février à 19h au Transbordeur, Villeurbanne. 27 €Milky Chance, Sadnecessary, Pias, 9,99€