<<<Retour en 2015<<Porté par une association, soutenu par une municipalité, Quais du Polar a opéré une révolution de velours à Lyon qui l’accueille, comme dans le monde de l’édition. Un exemple à suivre ?
Chaque année, les lecteurs mesurent leur chance de voir débarquer à Lyon, le temps d’un week-end, les plus grandes plumes de la littérature noire. Ce qu’ils ne mesurent pas, c’est à quel point, en une petite décennie, le paysage éditorial hexagonal, voire international, a été dynamisé par cet événement. Car le calendrier du polar se cale désormais sur ces trois jours particuliers de la fin du mois de mars : avec les hirondelles, des bouquets de nouvelles publications fleurissent sur les étals des libraires. Moins d’une semaine après l’ambiance foire du Salon parisien, passage obligé pour l’ensemble des métiers du livre, la manifestation lyonnaise a des airs de réunion de famille.
Plus conviviale, plus intime, elle est aussi davantage tournée vers le lectorat. Pour lui, l’occasion d’établir un lien avec les auteurs ne passe pas que par la fugace séance de dédicace : rencontres et conférences lui permettent de mieux connaître les écrivains qu’il affectionne — et lui en révèlent d’autres. Par contagion ou capillarité, tous les lieux, toutes les institutions culturelles ou non de la ville se saisissent du prétexte du polar pour s’agréger à la manifestation : écoles, hôpitaux, prisons, théâtres, cinémas, cafés sont en osmose. Une saine fièvre qui ne cesse de s’étendre.

Le pari du polar
L’exemple de Quais de Polar devrait servir de modèle, en des temps où des collectivités s’interrogent sur l’opportunité de financer le secteur culturel. Car si Quais du Polar a pu affirmer sa singularité, imposer son exigence de programmation, c’est parce que d’emblée la Ville de Lyon a compris l’intérêt d’accompagner un tel événement de toute sa puissance économique, certes (160 000€ de subventions sur 477 000€ de budget) et surtout logistique. Un choix de politique culturelle, mais aussi de stratégie et d’image, dont les fruits se récoltent une décennie plus tard.
En revendiquant 65 000 festivaliers en 2014, et accueillant des têtes d’affiche comme John Grisham, Elizabeth George ou Michael Connelly à nouveau cette année (après James Ellroy, Don Winslow, George Pelecanos, Donald Westlake, PD James), en se diffusant dans la totalité ou presque des institutions lyonnaises durant trois jours et en modelant la physionomie du secteur éditorial, Quais du Polar valide le modèle avec les honneurs. Gageons que les bénéfices actuels ne sont que de maigres dividendes : en ancrant dans l’esprit des polardeux que Lyon est leur nouvelle Jerusalem, c’est un avenir en noir doré que la Ville est en train de se construire…
Quais du Polar 2015 à Lyon du 27 au 29 mars, toute la programmation sur www.quaisdupolar.com