<<Retour en 2014<<Après avoir observé une parenthèse en solo, les Australiens Angus & Julia Stone ont sorti un troisième album commun éponyme(1), au cœur de l’été et de ses festivals. Entre les Nuits de Fourvière et le Radiant-Bellevue, Julia revient sur la genèse de cet autoportrait (é)mouvant d’un frère et d’une sœur…
Aviez-vous besoin de vous éloigner un peu d’Angus pour comprendre à quel point, finalement, vous formiez avec lui un groupe à part ?
Julia Stone : C’est difficile de dire combien le temps passé chacun de notre côté nous a aidé à être un groupe. Je suppose que c’est ce temps à l’écart d’Angus qui m’a fait réaliser à quel point, en fait, nous sommes proches l’un de l’autre.
Vous avez baptisé cet album de vos seuls noms. Est-ce là une manière de le revendiquer comme un reflet exact de votre identité, dans toutes ses nuances et ses contradictions ?
Oui, absolument. C’est une façon de considérer les choses. Cet album reflète tellement qui nous sommes, Angus et moi, à la fois ensemble et séparément ! Il y a un mélange de chansons que nous avons écrites séparément, et de chansons écrites ensemble. C’est en cela qu’Angus et moi sommes très différents, très dissemblables et que nous pouvons être dans le même temps extrêmement similaires et complètement ensemble.
Cet album dégage une forte sensation d’homogénéité et de confort. Mais comment doit-on comprendre le brusque sursaut entre les titres Little Whiskey et From The Stalls ? Comme une rupture symbolique qui briserait la transe — et nous remettrait les pieds sur terre ?
Ha ha ha ! Oui. Les chansons sont toutes très différentes les unes des autres, sur ce disque. Je pense que les nuances d’humeur en disent long sur qui nous sommes ; nous sommes en constant changement. Nous sommes lents lorsqu’il s’agit de prendre des décisions… parce qu’il semble qu’à chaque instant, quelque chose va bouger et tout remettre en cause. Rien n’est jamais stable… pourtant le cœur continue de battre.
Certaines chansons (comme Please you) évoquent de prestigieux standards de l’album Pet Sounds des Beach Boys. Ce groupe fait-il partie de vos influences ? Y en a-t-il d’autres spécifiques pour ce disque ?
Nous n’avons rien écouté de particulier pour cet album. Mais je pense que toute la musique dans laquelle nous avons baigné en grandissant — et les Beach Boys en font partie intégrante, puisque le groupe de notre papa, qu’on a dû entendre un million de fois, faisait des reprises de leurs chansons — a été et est toujours constitutive de nos compositions.
Jouer en extérieur, dans un festival d’été, semble tout naturel pour vous. Qu’allez-vous changer pour votre tournée d’hiver ?
(sourire) Je ne pense pas que nous jouerons dehors cet hiver en Europe — c’est déjà assez dur de sortir du bus pour accéder aux salles de concert en hiver !
On se souvient que votre hit Big Jet Plane figurait notamment sur la B.O. du film Les Émotifs anonymes, que Jean-Pierre Améris a tourné à Lyon. D’une manière générale, qu’éprouvez-vous lorsque votre musique est réemployée dans des films, à la télévision, dans des pubs ?
Quand la musique est associée à quelque chose d’artistique ou d’émouvant, c’est toujours un délice. Cela emmène la chanson ailleurs… à un endroit qu’on n’aurait jamais imaginé quand on l’a écrite.
Dans le même registre, les remixes peuvent réserver d’agréable surprises. Quelqu’un prend la musique que tu as créée, et la restructure pour lui donner une signification totalement autre, qui fait ressentir des choses différentes… C’est cela que j’aime dans l’art : il est toujours en train de se réinventer.
(1) Angus & Julia Stone, par Angus & Julia Stone, chez Discograph, 9,99€ en digital, 13,99€ en CD.
Propos recueillis et traduits de l’anglais (australien) par Vincent Raymond