Des morts-vivants et un chat amateur de cuisine italienne prennent le frais dans les salles obscures cette semaine. Entre autres…
We Are Zombies de RKSS
Alors qu’une étrange épidémie frappe la population, transformant certaines personnes en non-vivants — une variété de zombies apathiques et inoffensifs —, que l’entreprise Coleman se propose de “récupérer“… afin de mener des expériences peu recommandables. Au même moment, une bande de bras cassés usurpe l’identité des agents de Coleman pour se fournir en zombies qu’ils revendent à des amateurs de spectacles underground. Quand leur combine est éventée, Coleman fait enlever leur grand-mère pour les inciter à rembourser leur ardoise…
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Tirée d’une BD, cette histoire de zombies aux allures de préquelle de Walking Dead ou de 28 jours plus tard, présente un évident cousinage avec le toujours réjouissant Shaun of the Dead dans la mesure où la comédie prend le pas sur la dimension horrifique et que les personnages principaux sont de parfaits anti-héros ; un trio de prolétaires sans qualités projetés par hasard dans une situation trop importante pour eux… qu’ils vont évidemment contribuer à aggraver au lieu de l’améliorer.
À mort la mort !
Au-delà du portrait peu flatteur de ces escrocs à la petite semaine, on découvre celui de la société dans son ensemble peu encline à éprouver de la compassion pour les victimes de la “non-vie”. Celles-ci sont utilisées comme main-d’œuvre corvéable à merci ou envoyées dans des équivalents de centres d’élimination — l’équivalent de EHPAD, en plus définitif. La maladie de la “non-vie” scelle la fin de leur humanité, les ravalant à moins que des corps : des sortes d’automates sans histoire ni mémoire. Cela, tant que ces zombies sont demeurent statiques et passifs. Seulement, comme lorsque l’on tire sur un élastique — ou que l’on mine l’équilibre d’un écosystème —, on s’expose à recevoir en pleine figure un violent contrecoup. Surtout quand on s’amuse à jouer aux apprentis-sorciers avec des organismes contaminés.
Moins donneur de leçons que fataliste, We Are Zombies met son esprit “loi de Murphy” (« Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera mal ») au service d’une comédie noire et trash finalement assez plausible. Les Canadiens de RKSS se feront-ils allumer pour sacrilège parce qu’ils transforment Mère Teresa en prédatrice cannibale ? Étant donné qu’il y a par ailleurs de la nécrophilie, du gore, du chantage, des outrages à la police, une profanation de sépulture, des meurtres, du stupre, du dialogue explicite, cet hommage posthume à la sainte albanaise devrait passer crème.
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We Are Zombies de RKSS (Anouk Whissell, Yoann-Karl Whissell & François Simard (Can.-Fr., 1h20) avec Alexandre Nachi, Megan Peta Hill, Derek Johns… En salle le 31 juillet 2024.
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Garfield : Héros malgré lui de Mark Dindal
Chat über domestique vivant pour manger (surtout des lasagnes et des pizzas), Garfield est contraint d’abandonner son douillet foyer pour porter secours à Vic, son père qui vient de refaire surface. Plutôt réticent à l’idée d’aider ce géniteur l’ayant abandonné lorsqu’il était chaton, Garfield s’embarque accompagné par l’inévitable Odie. Leur mission ? Braquer la Ferme Lactose pour que Vic apure une vieille dette. Évidemment, les choses ne se dérouleront pas comme espéré…
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Passer sur grand écran peut changer un homme ; cela métamorphose un chat également. Paresseux, goinfre, volontiers sadique avec son humain de compagnie Jon comme avec Odie le chien, Garfield se transforme ici en félin débonnaire,, patient, compatissant, quasiment svelte et doué d’une bonne conscience de catéchumène. Le miracle de la transfiguration vaut aussi pour Odie, canidé microcéphale dans les planches de Jim Davis, dont on découvre soudain non seulement des capacités cognitives mais une forme d’ingéniosité ainsi qu’une capacité au langage. Beaucoup de mignonnerie parsèment par ailleurs le film, allant de la séquence tire-larme finale à des insertions de vidéos de (vrais) bébé-chats piquées sur le Net.
Cat-astrophe ?
La personnalité originale de Garfield a donc été sacrifiée sur l’autel du consensuel afin de complaire au plus grand nombre et surtout à un public plus jeune — rien de bien nouveau dans ce principe d’une “asepsie” d’un sujet littéraire par l’adaptation ; même les contes sont passés par là ! En définitive, le titre est plutôt bien trouvé : puisque on lui a châtré son caractère originel, Garfied est en effet héros malgré lui de cette aventure. Ne reste que son nom et sa vague apparence appliqués sur une histoire de rédemption et de réconciliation paternelle/filiale fort classique pouvant être campée par n’importe quel personnage. Faites le test : ça pourrait marcher (aux ajustements près) avec un Schtroumpf, Barbie ou Flash McQueen. Manquerait plus qu’il y ait des suites…
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Garfield : Héros malgré lui de Mark Dindal (É.-U., 1h41) avec les voix de (v.o./v.f.) : Chris Pratt/Kyan Khojandi, Samuel L. Jackson/Thierry Desroses, Ving Rhames/Cyprien Fiassé… En salle le 31 juillet 2024.