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Antoine Chevrollier (“La Pampa ”) : « À un moment, c’est notre corps qui parle, plus vraiment notre tête » 

Dernière modification le 12/02/2025 à 14:12
Par Vincent RAYMOND Publié le 06/02/2025
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Temps de lecture : 11 min.
Une vitesse de flou / Photo : © Tandem distribution
Une vitesse de flou / Photo : © Tandem distribution

Dans son premier long métrage La Pampa, Antoine Chevrollier raconte l’histoire de Willy et Jojo, deux ados férus de motocross dont l’amitié (et la trajectoire parallèle) vont être perturbées par la révélation d’un secret. Un film tourné dans la région d’Angers, d’où vient le réalisateur, rencontré lors du Festival de Sarlat. Conversation…

Dans la première séquence, vous présentez Jojo comme un casse-cou, prêt à traverser sur sa moto une route à forte circulation sans s’arrêter. Est-ce dans le but de surprendre par la suite ?

Antoine Chevrollier : Je crois que je ne l’ai jamais dit, mais le premier titre de la première version du film, c’était Trompe la mort — vous voyez très bien pourquoi. Ensuite, il s’est appelé 🔗La Pampa puisque c’est le vrai nom du terrain de cross de chez moi. Il y avait donc ce rapport au danger, à l’expression masculine ostentatoire : se dire, « je peux traverser », qui est quelque chose de commun chez nous, chez moi, mais qui est aussi quelque chose qui m’intéressait à l’endroit des personnages, de Jojo, puisqu’il était déjà inconsciemment sur une ligne dangereuse — de par ce qu’il était intimement. 

Cette route qu’il croisait l’incarnait aussi. Et Willy, qui le retrouve dans un second temps… Dans un rapport un peu méta, ils passent tous les deux de l’autre côté de la route, alors que les autres restent en arrière. C’est un film qui parle beaucoup de ceux qui partent… et aussi beaucoup de ceux qui restent.

C’est aussi un film sur les pères :  celui de Willy est très présent tout en étant mort ; celui de Jojo a un effet dévastateur sur la vie de son fils…

Les pères, les hommes, c’est un thème important pour moi : cette figure du père absent, je la trouvais évidemment intéressante. Et d’avoir cette espèce de contrepoids, ce père incarné par Damien Bonnard, trop présent — trop, au sens presque physique du terme… Il y a quelque chose qui déborde. On pouvait avoir le point de vue d’un Willy qui n’avait pas de père, mais qui regardait cette possibilité de père avec le père de Jojo.

Quid des mères ?

Les figures paternelles et les figures maternelles, ça a toujours été des questions pour moi en tant que spectateur : « comment Tarkovski travaillait le père ? Comment Andrea Arnold travaillait la mère ? » Et inversement, « Comment Andrea Arnold travaillait le père ? » Je voulais éviter d’être dans une forme de caricature pour la mère de Willy. J’avais beaucoup en tête Tomboy de Céline Sciamma :. — j’avais beaucoup aimé ce qu’elle avait fait sur la figure du père et de la mère dans ce film. Il y avait quelque chose qui était complètement inversé sur comment étaient une mère et un père. 

Là, c’était d’avoir une mère qui pouvait être un peu dure sans être dans un rapport de masculinité, juste maternellement dure. Avec une figure de beau-père incarné par Mathieu Demy dans un tout autre type de masculinité, pas acceptable pour Willy — mais beaucoup plus acceptable à la fin, une fois qu’il avait traversé tout ce qu’il avait traversé. Sur la mère de Jojo, Il y a quelque chose qui m’intéressait vraiment : comment certaines femmes jouent, elles aussi, le jeu du patriarcat en se calant et se cachant derrière ces espèces de violences masculines ; en les validant, en les nourrissant même.

Boire ou conduire, il faut choisir. Ils ont choisi, donc / Photo : © Tandem distribution
Boire ou conduire, il faut choisir. Ils ont choisi, donc / Photo : © Tandem distribution

La Pampa repose sur un secret qui va être découvert. La question de la “révélation” ou du “dévoilement“ apparaît en parallèle dans les travaux artistiques du personnage de Marina, la copine de Willy,  inspirés de la tenture L’Apocalypse. Ce n’est sans doute pas fortuit…

Évidemment, il y a là encore un rapport méta, au-delà du premier degré de ce qu’on reçoit en voyant L’Apocalypse. Le sous-texte que nous présente Marina avec ce que signifie, étymologiquement, l’apocalypse — ce n’est pas la fin d’un monde, c’est le début d’un nouveau. J’ai essayé effectivement que ce soit un peu souterrain et que ce soit, métaphoriquement, ce que traversaient nos deux personnages. C’est jamais la fin d’un monde, et pour Willy, c’est le début d’un nouveau, et d’une certaine manière, pour Jojo — si on croit un peu aux esprits, puisque les esprits sont aussi présents dans le film.

Marina crée par ailleurs un diorama qui rappelle les œuvres de Joseph Cornwell ou de Duchamp. S’agit-il de références volontaires ?

Je ne pensais pas tant à Duchamp. Ce qui m’intéressait, c’était le rapport entre la classe moyenne de Marina — pas du point de vue pécuniaire mais du bagage culturel — et la classe de Willy. Ce que lui offre très inconsciemment Marina à travers le chant lyrique, à travers L’Apocalypse était pour Willy quelque chose d’absolument fou : le prisme d’acceptabilité des choses s’élargit à travers les yeux de Marina. Elle le fait en tout inconscience, mais c’est ce que je trouve très beau. Je ne la juge pas : elle a eu la chance d’avoir ce bagage culturel, mais pour Willy, c’est quelque chose d’aller à 30 km dans ce château d’Angers, de voir cette 🔗Apocalypse, et d’être touché émotionnellement par cette jeune fille qui chante du Schumann dans une église désaffectée. 

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L’histoire se déroule dans le milieu du motocross ; de fait, on assiste a une séquence en course totalement immersive. Comment l’avez-vous tournée ? 

Déjà, on l’a pensée avant de la tourner. On l’a pensée différemment de l’autre puisqu’il y a deux courses. La première n’est pas chargées des mêmes enjeux. Donc il fallait que la deuxième soit singulière dans la mise en scène. Techniquement, c’est très simple. On avait une doublure moto qui faisait vraiment du cross, très forte, d’un niveau européen, à qui on a mis une GoPro sur le torse. Il y avait une stabilisation numérique, mais il y a aussi une stabilisation très forte de la part de la GoPro — c’est pour cela qu’on a un sentiment de drone, parce qu’il y a quelque chose d’un peu flottant,. Mais c’est juste la stabilité liée à la caméra et au sujet. Je voulais qu’on “éprouve” au sens sensationnel du terme ce qui vivait notre personnage.

Le plan dure 2 minutes 10, 2 minutes 20 — c’est long. J’avais envie que ce soit « border désagréable » pour le spectateur. Parce qu’on est à un moment du film, où il y a une bascule dramatique. On ne sait pas si on va perdre un personnage ou pas ; il fallait qu’on soit dans un rapport physique. J’aime bien cette idée où, à un moment donné, ça devient presque étourdissant ; où c’est notre corps qui parle et plus vraiment notre tête. C’est volontaire.

Comment avez-vous choisi vos interprètes ? 

Je savais par exemple que je voulais Damien Bonnard pour le père — parce que grand comédien, parce que très envie de tourner avec lui, parce que je ne crois pas faire du cinéma naturaliste… Je n’ai rien contre mais je suis plutôt dans le cinéma réaliste. Même si la frontière paraît un peu fine, elle est plus poreuse qu’elle en a l’air. Il y a quelque chose dans le naturalisme qui ne m’a jamais complètement touché, à quelques exceptions près. Donc je voulais faire cette espèce de mélange entre acteurs professionnels ou non professionnels ; des désirs de comédiens et de comédiennes avec qui j’avais très envie de tourner, d’autres que j’allais découvrir. Quelque chose d’un petit peu accidenté, 

🔗Artus, j’avais eu la chance de tourner avec lui sur Le Bureau des Légendes et de le caster. J’avais le sentiment d’avoir détecté une profondeur de jeu beaucoup plus large que ce qu’on pouvait imaginer de toutes les comédies qu’il faisait. Et j’avais très envie, en toute bienveillance, de le tordre un petit peu et de l’emmener à un autre endroit. C’était bien avant son succès d’🔗Un p’tit truc en plus. 

Ensuite, Saïd, j’avais tourné avec lui sur Oussekine et j’avais le sentiment de ne pas avoir été complètement au bout du process : je ne l’avais pas beaucoup filmé alors qu’il est central dans Oussekine. Il a passé les deux castings et ça a été très naturellement lui. Et puis Amaury pour Jojo, en fait, c’est un casting sauvage fait par Alicia Cadot, notre directrice de castings. On a cherché dans différents milieux, à droite, à gauche et il s’est avéré très rapidement que Amaury allait incarner Jojo. Pour Léonie qui joue Marina, casting classique aussi avec des comédiennes. Et puis la petite sœur, par exemple, c’est vraiment une jeune fille qui vient de mon village, Longueuil-Jumelles. Voilà, c’est très disparate ; sur le papier, ça ressemble pas à grand-chose, mais à la fin, j’espère que si.

La Pampa de Antoine Chevrollier (Fr., avec avert. 1h43) avec Sayyid El Alami, Amaury Foucher, Damien Bonnard, Artus… En salle le 5 février 2025.

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TAGGED: Amaury Foucher, Antoine Chevrollier, Artus, Damien Bonnard, Festival de Sarlat, La Pampa, Motocross, Sayyid El Alami
Vincent RAYMOND 12/02/2025 06/02/2025
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